Évoquer la « radicalité » dans le cadre d’une réflexion sur les luttes minoritaires, et notamment celles appelant à l’égalité des droits des communautés LGBTQIA+, conduit assez naturellement à aborder la question de l’usage de la violence dans l’action collective. Or penser la radicalité – « à la racine » comme nous le rappelle l’étymologie – dans ce contexte ne peut-il pas s’envisager autrement, en termes de fin plutôt que de moyens ?
Toute l’œuvre de Geoffroy de Lagasnerie nous invite à s’empêcher de « penser faussement », au travers de catégories totalisantes, de récits mystificateurs ou de notions abstraites qui interdisent de regarder la réalité telle qu’elle est. Grâce à une approche « réductionnisme », elle interroge les notions de légitimité et de violence au regard des canons normatifs qui les définissent, de même que les stratégies et les manières de lutter, individuellement (des intellectuel·les, universitaires, lanceurs d’alertes, artistes…) ou collectivement (communautés, corps intermédiaires). Prenant exemple sur des « personnages » singuliers – Snowden, Assange, Manning – ou des luttes singulières – la communauté LGBTQIA+, l’antispécisme, l’antiracisme – qui ont inventé « une nouvelle manière de se révolter, de faire de la politique, de comprendre ce qu’est un sujet politique », Geoffroy de Lagasnerie nous invite à bousculer les représentations et perceptions qui conduisent à entraver l’action et réduisent à l’impuissance. Y compris dans le cadre d’une « politique de l’existence », en repensant notre rapport à la famille et nos modes de vie, dont les aspirations actuelles semblent se normaliser.
La discussion sera suivie d’un cocktail à 20h30
Geoffroy de Lagasnerie
Né en 1981, Geoffroy de Lagasnerie a été élève à l’École normale supérieure de Cachan et à l’École des hautes études en sciences sociales. Il enseigne dès 2013 la philosophie et la sociologie à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy. Il est auteur d’ouvrages majeurs qui portent notamment sur la philosophie politique, la théorie critique, la sociologie du droit ou la sociologie des intellectuels, traduits en plusieurs langues : Après tout. Entretiens sur une vie intellectuelle (avec René Schérer, Éditions Cartouche, 2007) • L’Empire de l’université. Sur Bourdieu, les intellectuels et le journalisme (Éditions Amsterdam, 2007) • Sur la science des œuvres. Questions à Pierre Bourdieu et à quelques autres (Éditions Cartouche, 2011) • Logique de la création. Sur l’Université, la vie intellectuelle et les conditions de l’innovation (Fayard, 2011) • La Dernière Leçon de Michel Foucault. Sur le néolibéralisme, la théorie et la politique (Fayard, 2012) • L’Art de la révolte. Snowden, Assange, Manning (Fayard, 2015) • Juger. L’État pénal face à la sociologie (Fayard, 2016) • Penser dans un monde mauvais (PUF, 2017) • Le Combat Adama (avec Assa Traoré, Stock, 2019) • La Conscience politique (Fayard, 2019) • Sortir de notre impuissance politique (Fayard, 2020) • L’Art impossible (PUF, 2020) • Mon corps, ce désir, cette loi : réflexions sur la politique de la sexualité (Fayard, 2021) • 3. Une aspiration au dehors (Flammarion, 2023) • Se méfier de Kafka (Flammarion, 2024). Il a dirigé la collection « À venir » chez Fayard puis la collection « Nouvel avenir » aux éditions Flammarion, où il publie des ouvrages de Joan W. Scott, Didier Eribon, Judith Butler, Pierre Bergounioux. Il est considéré comme une figure intellectuelle importante de la gauche radicale.
Léolo Victor-Pujebet
Cinéaste cinéphile, Léolo Victor-Pujebet est le co-fondateur de l’association HORSCHAMP France – Rencontres de Cinéma avec son compagnon et collaborateur, le cinéaste Mathieu Morel. Le Corps du délit est son premier long métrage.